Meeting sur l'évaluation
(si vous avez des idées pour le modifier dites le avant samedi!)
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Nous sommes étudiants en travail social, nos futurs métiers étant assistants de service social, éducateurs spécialisés et éducateurs de jeunes enfants. Nos formations sont construites pour permettre une articulation entre les enseignements théoriques et pratiques et pour donner les moyens aux étudiants de faire le lien entre les savoirs acquis à l'école et ceux expérimentés en stage. Les stages sont ainsi des temps forts de la formation et font l'objet de préparation et de suivi. Nos formations sont donc basées sur le principe de l’alternance ; principe auquel nous sommes attachés.
Depuis cette année, avec la réforme du diplôme d’état, nous sommes confrontés a une évaluation sur nos lieux de stages, au même titre que le sont les professionnels de terrain qui nous forment. Cette évaluation est fastidieuse à réaliser car les grilles semblent hors réalité et demandent beaucoup de réflexion pour y adapter des observations.
Malheureusement cette évaluation engage beaucoup plus les formateurs de terrain qu’auparavant envers les stagiaires. Elle participe à la validation du diplôme d’état. Alors qu’auparavant ils étaient lieux de formation et de transmission, aujourd’hui les terrains de stage ont en plus droit de regard sur la validation de notre diplôme. Quelles conséquences cela aura-t-il sur nos formations ?
Cet effet néfaste s’accompagne d’un problème tout aussi important pour lequel les étudiants de l’ITSRA (Institut en travail social de la région Auvergne) se mobilisent depuis 3 mois.
Une autre attaque du système de formation est passée sous la forme d’une loi dite « d’égalité des chances ». Il s’agit d’un décret du 27 février 2008 qui impose aux lieux de stage du secteur privé (associations à but non lucratif), de gratifier leurs stagiaires ayant un niveau bac lorsqu’ils effectuent un stage de plus de 3 mois à la hauteur de 398.13 euros. Cette gratification s’impose à des associations, qui sont donc dans l’incapacité financière d’accueillir des stagiaires, les budgets étant déjà serrés. Les stages étant obligatoires pour la validation de nos diplômes, nos formations sont donc en danger aujourd’hui. Peut-être le secteur public aura lui aussi à rémunérer ses stagiaires à la hauteur du SMIC selon le dernier communiqué de presse de V. Pécresse datant du 27 mai 2008.
Le principe de gratification des stagiaires pose des problèmes éthiques. En effet les lieux de stage, qui étaient des lieux de formation, en rémunérant les stagiaires deviennent employeurs et non plus formateurs. Nous ne voulons pas rentrer en concurrence avec les personnes détentrices du diplôme d’état, nous voulons garder notre statut de stagiaire apprenant et nous ne voulons pas être « pieds et poings liés » par une question d’argent qui se situerait entre le directeur d’établissement de la structure nous accueillant et nous-mêmes. Le statut même du stagiaire est complètement remis en cause par ce décret ; c’est pourquoi les étudiants en travail social de l’ITSRA en demande symboliquement l’abrogation, et plus particulièrement demandent le retrait de la circulaire d’application au secteur social.
La gratification n’est pas un moyen de lutter contre la précarité des étudiants mais elle fait des étudiants des travailleurs au rabais. D’autre part, quelle serait la marge de manœuvre du stagiaire si celui doit être « gratifié » tous les mois ? Pourra-t-il encore faire des remarques à l’équipe ou à la direction de la structure qui l’accueille en stage, à propos des dysfonctionnements de l’institution ou de ce qu’il pense souhaitable de mettre en place pour améliorer l’accueil des personnes auprès desquelles il évolue ?
A cela s’ajoute les grilles d’évaluation qui accentuent la soumission des stagiaires aux lieux de stage.
Cette évaluation du stage s’ajoute à celle du personnel (en lien avec les commandes sociales) et à celle des personnes que nous accompagnons. L’heure est au productivisme contrôlé par l’évaluation. C’est tout le secteur social qui est en train d’en souffrir…
Qu’en est-il des personnes que nous accompagnons ? Quelles conséquences cela a-t-il sur les modalités d’accompagnement et sur leur qualité de vie ?
D’autre part, on profite de ce meeting pour vous faire part de notre inquiétude quant à la disparition de la clinique dans nos formations, remplacée par une approche orientée autour du projet. Doit-on nous résoudre à devenir des techniciens ? Quel serait alors le sort réservé aux personnes que nous accompagnons ? Ne seraient-elles par alors considérées comme des objets et non comme des sujets ?
Le secteur social est aujourd’hui fortement attaqué par les politiques sociales du gouvernement (réforme du diplôme d’état d’éducateur spécialisé, loi de 2007 sur la prévention de la délinquance, projet de refonte de la convention collective 66…). Voilà qu’aujourd’hui se sont nos formations qui sont attaquées ; alors quelle sera la prochaine étape ?
L’évaluation est de mise un peu partout dans notre secteur certes, mais il est également bien clair que notre secteur est fortement touché par la marchandisation qui tend à se développer de plus en plus. De cette manière, nous futurs professionnels du travail social vous appelons à nous soutenir pour essayer de sauver nos métiers et le secteur social d’une manière générale !!!